Lucile Razet : à la conquête de Paris Aucun avis homms2013

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Article rédigé par Jimmy JOUBERT pour les Championnats du monde de para athlétisme – PARIS’23

Entre gestion du stress et découverte du niveau international, Lucile Razet a pour objectif de participer à ses premiers Championnats du monde de para athlétisme. À 21 ans, cette jeune athlète de haut niveau devra se confronter à l’élite internationale, dans le but de se faire une place parmi les meilleures du 400m dans sa catégorie.

Originaire de Falaise, dans le Calvados, le quotidien de Lucile Razet est rythmé. Elle combine ses entraînements à l’INSEP avec sa dernière année d’étude en kinésithérapie à Paris. Le sport, cela a toujours été une évidence pour la jeune athlète de haut niveau. « J’ai commencé le sport en pratiquant du badminton, dès l’âge de 4 ans. » À dix ans, elle découvre qu’elle est atteinte d’une maladie de la rétine et commence à devenir peu à peu malvoyante. Sa vue devient fortement atteinte, il ne lui reste que sa vision périphérique pour voir les lignes d’une piste. Elle se tourne alors vers l’athlétisme avec le 100m, 200m et le saut en longueur. « J’avais besoin d’un sport qui me permettait de me dépenser sans que ma vue ne soit un handicap », confie la jeune femme.

Licenciée dans un club valide de loisir, elle est repérée en 2018. « J’ai découvert la pratique handisport lorsqu’un de mes professeurs m’a proposé d’être mon guide pour pouvoir participer à un cross. C’est grâce à cet événement que l’on m’a redirigé vers le Comité Départemental Handisport de Normandie », explique-t-elle. Lucile trouve alors un club affilié à la Fédération Française Handisport et se tourne alors l’athlétisme handisport, une discipline adaptée à son handicap. Classée dans la catégorie T13, qui ne rassemble que des personnes malvoyantes sans guides, Lucile se challenge face à des personnes ayant le même handicap.

« À l’époque, je détestais les compétitions… »

Aujourd’hui licenciée au Stade de Vanves, en région parisienne, elle reprend goût à son sport en intégrant cette catégorie : « Avec les valides, je détestais les compétitions. C’était une énorme source de stress et d’angoisses pour moi. J’avais peur de mal voir et c’était très compliqué à gérer », confie Lucile.

En arrivant au sein de la Fédération Handisport, une partie de son stress s’est effacée : « ça m’a permis de redécouvrir mon sport, mais aussi de me libérer et de reprendre confiance en moi », raconte fièrement Lucile. Cette libération et cette prise de confiance vont lui permettre d’améliorer pleinement ses performances sur l’année 2018. Cette même année, elle gravit les échelons et participer aux Championnats de France Handisport indoor à Aubière. Quelques mois plus tard, elle participe au Handisport Open Paris. Puis, en août, elle intégre le collectif France pour participer aux Championnats d’Europe à Berlin.

Par ailleurs, c’est en équipe de France qu’elle va pouvoir « dédramatiser » son handicap : « Avec le collectif France, j’ai rencontré des personnes avec le même handicap que moi et des handicaps différents. J’ai surtout découvert l’entraide qu’il y a avec tout le monde. C’est ce qui m’a permis de mettre de côté ma timidité et de m’ouvrir aux autres », explique la jeune normande.

« Le 400m, c’est une course d’expérience »

Spécialiste du 100m et du 200m, elle va opter pour une plus longue distance lorsque le 200m disparaît de la catégorie T13 : « Mes entraîneurs m’ont dit que j’avais le profil et les aptitudes pour faire du 400. C’est comme ça que j’ai commencé à m’entrainer et à me spécialiser. S’il n’y avait pas eu cette suppression, je ne me serai jamais lancée dans le 400m ». Désormais, elle a mis de côté le 100m pour se consacrer uniquement au 400m, ce qu’elle ne regrette pas : « Ce que j’aime dans cette distance, c’est le côté mythique du tour de piste. C’est au aussi le côté défi avec des séances d’entrainements qui vont être parfois plus dures. Et surtout, je prends du plaisir car il peut se passer plein de choses dans une course », explique la licenciée du Stade de Vanves. 

Des défis, mais surtout une distance complexe. Mêler le sprint avec l’endurance demande une certaine rigueur que Lucile travaille au sein de l’INSEP : « Le 400m, c’est une course d’expérience. Parfois on part trop vite et c’est très facile de se rater. Ça se paye rapidement sur le chrono », raconte la jeune normande. Pourtant, le travail ne doit pas se faire au dépend de la forme physique : « Dans l’année, on ne peut pas avoir 10000 pics de forme, donc on a travaillé sur mon calendrier de la saison pour être prête sur toutes ces compétitions », précise-t-elle.

Répéter ses gammes avant juillet 2023

Bientôt 5 ans que Lucile Razet fait partie du collectif France pourtant, les Championnats du monde à Paris devraient être une première pour elle : « Je travaille sérieusement et j’ai déjà ciblé certaines compétitions pour aller chercher les minimas, mais ce ne sera pas simple », précise Lucile. Pour faire partie de l’aventure, il manque de l’expérience internationale pour cette jeune athlète. Médaillée de bronze sur le relais universel des Championnats d’Europe 2021 à Bydgoszcz, cela ne suffit : « On vient d’avoir deux années très floues sur le plan des compétitions internationales, donc je ne sais pas trop où je me situe. J’ai besoin de me confronter aux meilleures. Pour me sentir prête, je n’ai pas le choix, je vais avoir besoin de répéter plusieurs 400m », raconte Lucile.

Du 8 au 17 juillet 2023, Lucile Razet espère donc enfiler la tenue de l’équipe de France et faire partie de l’aventure à Charléty. Un stade et une piste qui lui rappellent de bons souvenirs : « C’est sur cette piste que j’ai vécu ma première compétition internationale. Après je suis revenu régulièrement pour le Handisport Open Paris, où j’ai battu des records personnels. J’ai toujours eu des bonnes sensations et surtout j’ai déjà tous mes repères, ce qui n’est pas négligeable avant une compétition, lorsque l’on est malvoyant ». Si le chemin est encore long avant d’arriver aux Championnats du monde, une chose est sûre, Lucile espère que les tribunes seront garnies : « fan ou pas fan, pratiquant d’athlétisme ou non, ce sera un joli moment à partager ensemble dans ce joli stade de Charléty. J’espère que les spectateurs viendront nombreux, qu’ils prendront du plaisir et que ça puisse donner envie à des plus jeunes de se lancer dans l’athlétisme ou le para athlétisme ».

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