Kévin Soni a vécu « la fin du monde » après le tremblement de terre en Turquie Aucun avis homms2013

Interrogé par nos confrères de Foot Mercato, Kévin Soni a raconté l’enfer qu’il a vécu durant le tremblement de terre ayant eu lieu mardi en Turquie et en Syrie, faisant 11700 morts à ce jour. Un témoignage à la fois glaçant et poignant.

Lorsqu’il a signé pour le club d’Hatayspor en septembre, Kévin Soni n’avait jamais imaginé vivre une pareille tragédie cinq mois plus tard. Peu après le match remporté par son équipe contre Kasimpasa (1-0), le joueur camerounais est rentré chez lui. Il a passé du temps avec ses cousins, jouant à la Playstation avec eux. C’est aux alentours de 4 ou 5 heures du matin qu’il a senti les premiers tremblements : « Vers 4 ou 5 heures du matin, le sol a commencé à trembler. Sur le coup, j’ai dit à mes cousins de se calmer. C’est quand le plafond et les murs ont commencé à tomber sur nous qu’on a commencé à prendre la fuite par les escaliers. On a juste eu le temps de prendre nos passeports et nos téléphones, je ne sais même pas comment j’ai fait pour y penser. On a eu la chance de sortir de l’immeuble avant que tout s’écroule (…) C’est un jour où vraiment tout a basculé. Il y a eu beaucoup de morts. Si vous m’aviez dit ça une semaine avant, je vous aurais dit que c’était impossible… »

Traumatisé par le séisme

Se trouvant à Istanbul avec son équipe, le joueur avoue être traumatisé : « Franchement, c’est un choc. Je n’arrive pas à dormir. Je suis tous les jours avec mon agent et on en parle tout le temps. C’est une sensation que je ne peux pas vous expliquer. Au moment où je vous parle, assis à Istanbul, j’ai l’impression que le sol tremble. Mais les gens autour de moi me disent que non, ça ne tremble pas. C’est un traumatisme je pense. »

Attristé d’être sans nouvelles de son ami Atsu

L’équipe d’Hatayaspor a malheureusement voyagé sans Christian Atsu, dont on est toujours sans nouvelles. Kévin Soni affirme avec certitude que les révélations de la presse indiquant qu’Atsu avait été retrouvé sont fausses : « Ce sont des mensonges. Mardi soir, on a pris l’avion pour rentrer à Istanbul et il n’était pas avec nous. S’il avait été retrouvé, pourquoi n’était-il pas dans l’avion ? Ce sont des mensonges. Ils ont peut-être dit ça pour entretenir l’espoir et ne pas effrayer sa famille. Ce que je peux vous dire c’est qu’il n’a pas pris l’avion avec nous pour se rendre à Istanbul. J’espère qu’on va le retrouver. »

Lorsqu’il évoque son ami Christian Atsu, Kévin Soni fait des révélations poignantes sur la relation complice qu’il entretenait avec le joueur ghanéen, auteur du seul but du match contre Kasimpasa : « J’ai la chair de poule en vous parlant. Avant que ça arrive, je parlais avec Christian Atsu au téléphone. Il avait marqué un coup-franc dimanche et je lui disais qu’il avait bien joué et que j’avais bien aimé son match. Je lui disais que j’espérais vite retrouver les terrains pour qu’on joue ensemble. Mais je ne savais pas que c’était la dernière fois que je parlais avec lui. Deux heures après, je n’avais plus de nouvelles. On m’a dit que mon ami était peut-être mort, il y a de quoi devenir fou. Je suis certainement la dernière personne à avoir parlé avec lui au téléphone. Je ne suis pas fier de dire ça, j’espère vraiment qu’on va le retrouver sain et sauf. C’est mon souhait. Je prie tous les jours pour ça. »

Un véritable miraculé

Soni fait ensuite des révélations qui font froid dans le dos : « Je me suis dit que si je n’y suis pas passé ce jour-là, c’est que ce n’était pas mon jour. Je suis musulman et je suis très croyant. Ce qui m’a sauvé, c’est que j’ai voulu attendre jusqu’à 6h40 afin de faire la première prière de la journée. C’est pour cette raison que je ne dormais pas. Donc je me dis que si j’avais dormi, vu comment tout est tombé dans la maison, je serais certainement mort. »

Se considérant comme miraculé, le joueur de 24 ans avoue ne pas voir la vie de la même manière après ce drame : « Aujourd’hui, je réalise que la vie ne tient qu’à un fil. C’est dans ces moments-là qu’on se rend compte que tout est vanité », avouant savourer chaque moment de la vie : « Je sais savourer les petits moments de la vie. Quand il vous arrive un truc comme ça, vous êtes obligé de changer. Des gens sont morts à côté de vous alors que vous avez eu la chance de survivre. »

La famille plus forte que le foot

Enfin, le joueur de 24 ans avoue que même si le foot reste une passion, il ne pense qu’à sa famille et à ses proches : « Je ne vois plus les choses de la même façon. Là, je me rends compte que le football est vraiment une passion. Mais quand une chose comme ça vous arrive, vous oubliez vos crampons, votre maillot, votre carrière. Tout ce que vous possédez. C’est juste toi et toi. On ne pense plus au football. On ne pense qu’à sa famille, ses parents, ses proches. »

Kévin Soni est un véritable miraculé du tremblement de terre ayant eu lieu mardi matin en Turquie et en Syrie. Son témoignage poignant aide à mesurer l’ampleur de cette catastrophe. Toutes nos pensées vont aux familles des victimes.

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