Entretien – Nelson Monfort : «Si l’on veut que le sport féminin devienne l’égal du sport masculin, il faut le commenter de la même manière » Aucun avis homms2013

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Personnage incontournable de l’audiovisuel français, Nelson Monfort, présent sur nos écrans depuis plus de 30 ans, est un fervent admirateur du sport féminin. Véritable passionné, le commentateur du patinage artistique et de la gymnastique sur France Télévisions constate une incroyable évolution des mentalités. PROPOS RECUEILLIS PAR RUBEN DIAS. Extrait du WOMEN SPORTS N°26.

WOMEN SPORTS : QUELLE ÉVOLUTION MÉDIATIQUE DU SPORT FÉMININ AVEZ-VOUS CONSTATÉ TOUT AU LONG DE VOTRE CARRIÈRE ?

Nelson Monfort : Jusqu’au début des années 2000, le sport féminin était quelque peu ignoré par les médias. Il y a 30 ans, l’évolution était très lente. Depuis dix ans, l’accélération est à contrario exceptionnelle. Et sur les cinq dernières elle a en- core été décuplée, c’est formidable. Il n’y a qu’à voir les récents succès du Tour de France femmes ou de l’Euro de football. En Grande-Bretagne, la finale a réuni 17,4 millions de spectateurs, c’était le record de la chaîne (BBC)…

COMMENT PEUT-ON LA DÉVELOPPER DAVANTAGE ?

Ce n’est pas évident. Mais je ne crois pas qu’il faille développer la médiatisation d’elle-même. Je pense que le public ne s’y trompe pas et vient vers le sport féminin spontanément. Le patinage artistique est par exemple un sport qui trouve sa meilleure expression avec les filles.

VOUS VOULEZ DIRE QUE LES SPORTIVES SONT PARFOIS PLUS TÉLÉGÉNIQUES QUE LES SPORTIFS ?

Aujourd’hui, les programmes des jeunes filles au patinage artistique sont techniquement aussi bons que les programmes des garçons. Si on ajoute la grâce, et par rapport à un garçon, les spectateurs et les téléspectateurs adorent. Il y a un autre bon exemple lors des Championnats du monde d’athlétisme 2022 à Eugene (USA). Les plus beaux records ont été des records féminins – notamment le 400m haies de Sydney Mclaughlin, qui était juste formidable. Le saut en hauteur féminin aussi est un spectacle extraordinaire. Moi, je le suivrais, même si je n’étais pas appelé à le commenter.

LE SPORT MANQUE-T-IL DE STARS FÉMININES ?

Aujourd’hui il n’y a pas encore autant de modèles de sportives qu’il y a de sportifs. Mais cela va venir. C’est vrai, le dernier échelon, c’est justement le manque de stars dans le sport féminin. Il y a eu par exemple Marie-José Pérec, qui est une icône intergénérationnelle. Il y en a eu d’autres depuis. Ce sera une vague qui ne s’arrêtera plus, c’est quelque chose qui va venir. Mais le plus tôt sera le mieux. C’est aujourd’hui que se forge l’avenir du sport féminin, ce n’est pas dans 10 ans. Beau- coup parlent de Paris 2024, mais nous sommes en 2022 : c’est aujourd’hui que cela se joue.

CRÉER DES STARS, EST-CE VRAIMENT POSSIBLE ?

C’est évidemment par leurs performances que se créent les icônes. Ce n’est pas nous qui pouvons le faire, c’est elles, par leur niveau, leur volonté et leur charisme qu’elles peuvent y arriver.

LES QUOTAS, UNE FAUSSE BONNE IDÉE ?

Lors des championnats mondiaux d’athlétisme, c’était pratiquement du 50/50 en termes de diffusion. Roland-Garros cette année, c’était du 60/40 : du jamais vu. Honnêtement, les quotas, c’est de Roland Garros féminin, comme cette de Nadal dure 4h, cela ne se contrôle pas. Le temps d’antenne sera forcément moindre. Nous pouvons dire qu’il y aura la transmission de quatre quarts de finale féminin, mais en termes de temps d’antenne, c’est impossible.

ET POUR LES JOURNALISTES ET PRÉSENTATRICES À L’ANTENNE ?

Pendant de nombreuses années, cela a été complètement l’inverse. Je n’apprécie pas le terme de quotas. En revanche, une forme d’égalité est très souhaitable. C’est comme quand on parle de quotas de la chanson française, je n’aime pas trop ça. S’il y a des belles chansons françaises, elles méritent d’être diffusées en dehors des quotas. S’il y a des bonnes présentatrices ou commentatrices, elles méritent d’être présentes, en dehors des quotas. Je pense notamment à Justine Henin et Mary Pierce.

DERNIÈRE QUESTION, QUELLE EST LA DIFFÉRENCE ENTRE COMMENTER DU SPORT FÉMININ ET DU SPORT MASCULIN ?

Quand je commente le tennis, l’athlétisme, les interviews, le patinage, la gymnastique et ainsi de suite, j’y mets une les garçons. Parfois même dans le patinage, supérieure. Quelle différence entre commenter du sport féminin et masculin ? Aucune ! C’est la même ferveur, la même passion et d’ailleurs c’est très bien ainsi. Si l’on veut que le sport féminin devienne l’égal du sport masculin, il faut le commenter de la même manière.

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